TÉMOIGNAGE – GARELLI Nice – Béton projeté, encore un accident de travail ! + APPEL à témoignages

Post publié sur Facebook le 01/10/2018

Salut à toutes et à tous,
Alors voilà, ce que vous voyez sur les photos, c’est ce à quoi je ressemblais juste après l’accident de travail qu’on a eu avec mon collègue lundi matin (24/09/18). On faisait du béton projeté sur un chantier de TP et on s’est fait asperger par le jet de béton en forte pression. Ça s’est passé à Nice, sur un chantier de l’entreprise GARELLI. Je me permets de citer le nom de ce taulier, parce que vu ses pratiques quelque peu douteuses en matière de sécurité, je pense qu’il mérite bien d’être un peu plus connu, le loustic…

Comment on en est arrivé là ? Une mission intérim pour un job de sécurisation de talus avec du béton projeté. Début de la matinée à 7h. Début de la projection de béton vers 8h. Et à 11h30 les pompiers venaient nous chercher mon collègue et moi pour nous emmener au CHU de Nice, avec des blessures/brûlures importantes aux bras, dans le dos, et au cou pour mon collègue. Entre-temps, trois bouchons s’étaient formés dans la manche. Les deux premiers sont passés tant bien que mal, le troisième est celui qui nous a envoyés au carton.
Et pour cause : quand un bouchon se forme dans la manche, la pompe continue à envoyer de l’air comprimé dans le bordel. La pression monte, monte, jusqu’à ce que le bouchon finisse par être éjecté par la lance avec toute la violence de la pression accumulée. Et quand ça, ça arrive… ben… si en plus vous avez des appuis de merde, à coup sûr la force dégagée par la lance vous envoie valser dans le décor et cette coquine de lance se retrouve alors libre de s’agiter dans tous les sens et de vous asperger de béton. Voilà, en gros, l’histoire.

Bon, après, ce qui manque dans cette histoire, c’est justement des manques ! Un bonnes série de manquements à la sécurité et surtout une boîte qui en a rien à secouer de perdre du temps à revoir son process travail pour prévenir ce type d’accidents, pourtant tristement récurrents.


Très rapidement, c’est :

  • L’absence de talkies-walkies pour communiquer avec les collègues qui sont aux commandes de la pompe. Alors que c’est eux qui doivent la stopper la au plus vite dès la formation d’un bouchon pour éviter que ça nous pète à la gueule.

  • Le fait de persister à nous faire faire la projection alors que le béton montre tous les signes de son altération avec une lance qui commence à cracher des conglomérats : des boules de béton de plus de 3 cm de diamètre, lesquelles vont former les bouchons en question. Et puis quand la lance te les crache dessus, ben c’est un peu comme les flash-balls des flics en manif : de gros hématomes.

  • Des EPI bien insuffisants. Vous voyez mon dos sur la photo ? Même à travers le tee-shirt, il a pas aimé. Si vous regardez encore la photo, vous verrez que le TOP du baudard a eu une autre fonction de protection que celle pour laquelle il est prévu. Et tout ça sans parler du jet qui a frôlé de peu le visage du collègue. Là, ça aurait été encore une autre histoire !

  • Et bien d’autres aspects encore de process de travail qu’on ne prend jamais le temps de repasser au crible.

Et tout ça c’est quoi ? Ben, des économies que les boîtes essaient de se faire sur notre dos au mépris de la sécurité. Toujours les mêmes types de rengaine : « Non mais ça va, tu vas pas nous emmerder avec ta deuxième corde, ta veste qu’on n’a pas, tes talkies qui sont là-haut dans le camion,… Et puis les gars, on va pas s’arrêter maintenant parce la gueule du béton vous convient pas. On a des objectifs de rendement aujourd’hui ! Toujours à vouloir perdre du temps ces salariés ! »

Et donc, évidement, quand le rendement prime sur la sécurité, ben c’est l’accident au bout de la corde.

Et quand l’accident est là, vite fait on se soucie de comment vous allez. Quand on n’a pas le choix, on vous signe vos AT. Ce qui est déjà pas mal. Puis arrive le moment où on vous met la pression pour que vous restiez pas trop longtemps à glander à la maison. Et quand vous avez l’impolitesse de poser des questions sur les process de sécurité, sur les bilans tirés de l’accident (et les multiples du même genre qui ont eu lieu avant), ben ça peut donner des réponses comme j’en ai eu dans cette histoire.
C’est le conducteur sécurité lui même. Genre le mec qui s’occupe de la sécurité des plus de 200 bonhommes que compte l’entreprise GARELLI. Ben selon ce mec, pfff, faut qu’on arrête de chouiner… L’accident qu’on a eu ça arrive à peu près à tout projeteur dans sa carrière. De la même manière qu’
il arrive à tous les conducteurs d’engin de se renverser au moins une fois dans leur vie. C’est arrivé, ça arrive et ça arrivera encore… qu’il ajoute. Et pour finir par me dire que si le TP ça me fait peur, j’ai qu’à retourner bosser en urbain ou en indus ! C’est connu, c’est tellement plus sécure l’industrie !

Comme me l’a dit un collègue qui se reconnaîtra : rien d’étonnant dans le fait que la récurrence de ces accidents n’empêche pas tous ces loustics de dormir sur leurs deux oreilles. Pour eux (EU ou ETT), on n’est pas bien plus que du bétail… Ah si, pardon, avec nous, et à la différence du bétail, il faut utiliser des techniques de management ! C’est peut-être bien la seule vraie différence…

RÉSULTAT DE L’HISTOIRE : importantes brûlures aux deux bras et au dos pour moi. Et au cou et au bras pour mon collègue. Et puis, je le répète, on a eu un bol de dingue de pas avoir le visage niqué ! Aujourd’hui et pour certainement quelques semaines encore, on a suffisamment de bandages pour concurrencer la momie de Toutankhamon ! Reste à voir les cicatrices qu’on gardera de cette histoire…

Du coup, désolé pour les photos, c’est un peu comme la petite boutique des horreurs… Bon OK, c’est peut-être mon p’tit côté exhibitionniste refoulé. 😉 Mais pas que, je vous jure ! C’est aussi et surtout parce que je sais que c’est déjà arrivé à pas mal d’autres, que ça nous est arrivé à mon collègue et à moi cette semaine, et que si rien ne change ça continuera malheureusement d’arriver.

POURQUOI UN APPEL À TÉMOIGNAGE ?

Déjà, parce qu’avec ce qui nous est arrivé, je suis bien curieux de savoir comment ça s’est passé pour les personnes qui ont déjà eu le même type d’accident. Histoire de partager les tuyaux des choses à faire, et surtout ce qu’il nous faut savoir imposer ou ne pas accepter pour éviter que ça nous arrive. 😉
Et ensuite, parce que je pars du principe qu’un accident au taf, restera toujours un accident de trop. Et quand ça arrive, à minima, j’estime que ça ne doit pas rester dans le silence et qu’il y a du sens à ce qu’un maximum d’entre nous en soit au courant !Du coup, si vous avez une mauvaise expérience avec ces foutues lances à béton projeté (ou mauvaise expérience tout court pour votre santé avec l’entreprise GARELLI), ben je suis preneur et je pense que ça pourrait servir à d’autres collègues aussi ! Alors, à vos claviers 😉

Courage à toutes et à tous !

Gagner sa vie pourquoi pas, mais la garder c’est mieux 😉

Un cordiste intérimaire échoué à la maison.

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PS1 : Nos patrons n’ont pas attendu pour se serrer les coudes à travers le SFETH.
Et nous, on attend quoi pour arrêter de se faire bouffer chacun dans notre coin ?

PS2 : Tout ce que je retransmet là concernant l’entreprise GARELLI n’engage que moi et mon humble avis. À bon entendeur.

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